Ça y est, “it’s that time of the year again” : l’été se termine et on attaque donc les 12ème vendanges à la Cendrillon (et pour moi les 3ème). Après cette année étrange à tout point de vue : Coronavirus, mildiou, etc, il faut croire que ces vendanges elles aussi seront étranges.
Début Août, tout le monde s’attendait à des vendanges précoces et les médias en premier annonçaient un millésime historiquement précoce. Nous étions nous-même un peu inquiets de savoir si nous arriverions à avoir une équipe au complet à temps entre les rumeurs de fermeture des frontières et les difficultés à recruter des vendangeurs.
Les premières semaines d’Août sont donc passées vite avec les derniers préparatifs : révision et nettoyage du pressoir, des cagettes et de la cave, recrutement des derniers vendangeurs, contrôles des maturités et réception des containers froids pour stocker la vendange. Grâce à José et ses petites annonces au Pôle Emploi, nous arrivons finalement à constituer une équipe de 12 personnes autour d’un petit noyau de vendangeurs fidèles et efficaces.
C’est finalement l’Albarino qui ouvre le bal le 19 août à 07h du matin, soit 10 jours plus tôt que le millésime précédent. Les cagettes sont de sorties et heureusement il ne fait pas aussi chaud que l’année dernière. Les grappes sont belles et l’état sanitaire bon. Quelques grappes ont un peu souffert du mildiou et certains raisins sont déjà tous secs, il faut donner quelques coup de sécateurs en plus pour tailler dans la grappe et écarter ces parties.
On remplit les cagettes, on les glisse sous le rang pour laisser passer le tracteur avec les porteurs qui chargeront les cagettes sur la remorque. Il faut remonter la vigne dans le rang en marchant dans l’argile meuble et en ramassant des cagettes et les soulever au-dessus du rang pour les charger dans la remorque. Pour vous donner un ordre d’idée, un vendangeur ramasse en moyenne 500kg de raisin par jour. Avec 10 coupeurs, cela représente 5 tonnes de raisin par jour répartis dans environ 700 cagettes de 7kg. Avec deux porteurs, vous en ramassez donc 350 par jour. Cela vaut tous les entraînements sportifs, c’est plus économique qu’un abonnement à la salle de sport et en plus vous bronzez : chapeau pour Alexandre, notre stagiaire caviste et porteur !
Les raisins passent la nuit au froid à 4°C toujours dans les cagettes et sont pressés le lendemain dès 06h. Les conserver à basse température permet d’éviter les départs en fermentation inopinés et surtout de développer toute l’aromatique. A la sortie du pressoir, les jus sont très propres mais un peu tanniques. Quelques jours de macération à froid avant de lancer les fermentations permettront de laisser les moûts se clarifier tout seuls par gravité.
Les deux dernières semaines ont donc été consacrées aux blancs qui sont aujourd’hui tous en cave et en train de fermenter doucement. Depuis le WE dernier, on sent que l’automne approche à grand pas : les températures se font plus douces et même fraîches la nuit : pour tout vous dire, j’ai rangé le ventilateur avec lequel je partage toutes mes nuits estivales. Samedi dernier, le ciel nous a fait cadeau de 35mm de pluie qui sont tombés à point nommé après que l’on ait ramassé les derniers blancs et pour permettre aux vignes de continuer à faire mûrir nos cépages rouges. Comme si la nature voulait nous récompenser d’avoir serré les dents toute l’année quand nous nous battions contre le mildiou et les escargots !
Du coup cette semaine est un peu étrange : on attend les premières Syrah (pas avant la semaine prochaine) en ramassant un jour sur 3 quelques Grenaches pour du faire du rosé et un peu de Merlot pour le Vin de Pays. On a même trouvé le temps d’aller passer le cadre pour aérer les sols dans les parcelles de blanc que nous avons vendangé. Cette « pause » annonce très probablement une deuxième partie de vendanges chargée où tout sera mûr en même temps !
« To be continued »
Hubert Joyeux